Photographie culinaire: comment recréer la lumière du soleil en studio

En tant que photographe culinaire, il m'arrive souvent de devoir créer une ambiance ensoleillée et chaude, tout en ayant un rendu chaleureux et naturel, même quand la météo n’est pas au rendez-vous — ou que je shoote à 22h.

Heureusement, la lumière du soleil peut être magnifiquement simulée en studio avec un peu de technique et beaucoup d’observation.

Dans

cet article, je vous partage ma méthode pour recréer une lumière ensoleillée réaliste en intérieur, tout en gardant un rendu gourmand, naturel… et 100 % maîtrisé.

1. Pourquoi imiter la lumière du soleil ?

La lumière naturelle, notamment celle du matin ou de fin d’après-midi est dorée, et flatte les textures. En tant que photographe culinaire, je suis toujours à la recherche d’un scénario qui met en valeur la nourriture en montrant les textures et les détails des aliments.


Cette lumière donne un rendu vivant et chaleureux qui évoque les repas en terrasse, les petits déjeuners, ou les pique-niques d’été. Mais elle n’est pas toujours disponible, stable ou prévisible.
Lorsque j’ai commencé la photographie culinaire, j’avais un autre job à plein temps et je prenais mes photos hors de mes horaires de travail : le matin avant 8h ou le soir après 18h.
Très vite, je me suis senti limité par la disponibilité de la lumière. Surtout en hiver où les journées peuvent être courtes…

Assez vite j’ai donc investi dans du matériel studio pour pouvoir créer et modeler la lumière comme je le souhaite. Et là.. EUREKA ! Jamais je ne reviendrais en arrière et cela pour plusieurs raisons :

La lumière studio permet :

  • de travailler à toute heure,

  • de reproduire fidèlement une ambiance,

  • de garder un contrôle total sur les ombres, les reflets et l’intensité lumineuse.

  • d’avoir un rendu homogène (la lumière ne fluctue pas au cours de la journée)

2. Le matériel que j’utilise

Pour un rendu "ensoleillé", voici mon setup type :

  • Un flash studio nu sans diffuseur, avec un bol réflecteur éventuellement
    → Pour avoir un rendu similaire au soleil, votre source de lumière doit être petite relativement à votre sujet. Le soleil est évidemment très grand de manière intrinsèque,(1,3927 million de kilomètres), mais lorsqu’il n’y a pas de nuage il est tout petit de manière relative.

    Autrement dit, le soleil dans le ciel fait environ 2cm, il tient entre vos doigts. Votre source de lumière doit donc être similaire : petite et non diffusée.
    J’utilise souvent un bol réflecteur comme ci-dessous. Il permet de concentrer les rayons lumineux et d’ainsi d’éviter que la lumière ne parte dans toutes les directions. En plus, il permet d’économiser de la puissance de flash grâce à l’intérieur en argent qui reflète les rayons.

  • Une gélatine jaune ou une balance des blancs chaude
    → Pour réchauffer légèrement la lumière, comme lors la golden hour en fin d’après-midi, ou bien au petit matin.
    La gélatine est un film pastique qui se met devant votre flash, elle permet de modifier la colorimétrie de la lumière.

    Lors que vous avez une seule source de lumière, vous pouvez tout à fait modifier la balance des blancs et la rendre plus chaude en post-production. Mais lorsque vous avez au moins deux sources de lumière (par exemple une source principale et une source pour déboucher les ombres), il est utile d’utiliser ces gélatines !

    Encore une force de la lumière studio, qui peut être domptée comme bon vous semble :)

    Voici un exemple de photo de petit déjeuner dans la laquelle j’ai utilisé une gelatine jaune/orange pour réchauffer la scène et reproduire la lumière du petit matin.

  • Réflecteurs blancs (et parfois dorés)
    → Pour déboucher les ombres sans trop refroidir la scène.

    La lumière du soleil est dure et non diffusée comme nous l’avons vu. Par essence, elle crée donc de forts contrastes avec des ombres plutôt denses.
    Il arrive que ce rendu soit voulu, mais souvent je débouche les ombres avec un réflecteur. Il existe des réflecteurs blancs, argentés et dorés principalement.

Les réflecteurs blancs réfléchissent la lumière de manière neutre (blanche), alors que les réflecteurs dorés réfléchissent la lumière en ajoutant de la chaleur.

Sur cette photo par exemple, j’ai utilisé un réflecteur doré pour accentuer le côté estival de la photo.

  • Un drapeau ou panneau noir
    → Pour modeler les ombres, donner du contraste et éviter une lumière trop plate.

    Les drapeaux permettent de masquer certaines zones des photos en créant des ombres. Couplé avec la lumière du soleil, cela crée des effets géométriques très sympa que j’utilise beaucoup dans ma photographie culinaire.

    Voici un exemple d’une série avec des ombres très marquées

3. Placement de la lumière

En photographie culinaire, comme je l’ai déjà mentionné, le but est de mettre en avant les textures et les détails. Pour cela, je privilégie une lumière de côté voire en contre jour. Cela renforce les textures contrairement à une lumière de face qui les efface (plutôt utilisée en portrait pour effacer les pores de la peau).

Je place ma lumière principale de côté, de 3/4 ou en contre jour, et je varie la hauteur en fonction du rendu souhaité. Si l’histoire que je raconte se passe plutôt à midi, alors le soleil est au zénith très haut dans le ciel, je place donc mon flash très haut. Les ombres seront courtes.

Si la scène décrite est plutôt tôt le matin ou tard le soir, alors je baisse mon flash et les ombres seront plus longues ! Je vous conseille fortement je prêter un œil attentif aux situations lumineuses de votre quotidien, cela vous aidera à comprendre comme la lumière évolue au fil de la journée et des saisons.


Post-production : un coup de soleil oui, mais sans brûlure

En retouche, je joue très légèrement sur :

  • la température des couleurs (+100 à +300K vers le chaud),

  • les hautes lumières, en les baissant légèrement pour retrouver des détails dans cette zone. Il faut éviter de brûler l’image et exposer sa photo pour les hautes lumières lorsqu’on utilise une lumière dure comme ici.

  • les basses lumières, en les réhussant pour retrouver des détails dans les ombres

Mais attention : less is more. Si la lumière est bien captée dès la prise de vue, la retouche n’est qu’un léger coup de pinceau.

Conclusion

Créer une lumière ensoleillée en studio, c’est autant une affaire de technique que de ressenti. L’important, c’est de se poser la question : "Quel moment de la journée est-ce que je veux évoquer ?" Ensuite, on adapte la lumière, les ombres, et les couleurs pour raconter cette histoire.

Et vous, avez-vous déjà testé la "fausse lumière du soleil" en studio ?


Suivant
Suivant

Crème brûlée à la pistache